Jeunes diplômés : leurs salaires à la peine
Les salaires d’embauche des jeunes diplômés stagnent, d’après l’enquête annuelle publiée par Hewitt, le cabinet de conseil en management des ressources humaines. Interview de Souhila Keffi, responsable de l’étude.
Pour les jeunes diplômés, côté salaires, c’est plutôt morne plaine. Les bac +2 à bac +5 qui auront réussi à trouver un job ne gagneront pas plus en 2010 qu’en 2009. Plus de 70 % des employeurs ne prévoient pas d’augmenter les salaires des débutants, selon l’enquête effectuée entre janvier et février 2010 auprès de 72 entreprises par le cabinet Hewitt.
Exception, 27 % des sociétés, contre 48 % en 2009, comptent mieux payer en 2010 les ingénieurs et les Masters 2, 26 % les titulaires d’un diplôme d’école de commerce et 23 % les Masters 1, licences et bac +2. Explications délivrées par Souhila Keffi, responsable de l’étude.
Que nous apprend cette étude ?
Souhila Keffi : On voit apparaître une tendance à la stagnation qui touche tous les niveaux de formation. 70 % des entreprises maintiennent les mêmes niveaux de salaires à l’embauche qu’il s’agisse de bac + 2 ou de bac + 5.
De plus, les prévisions de recrutements sont basses voire même inférieures aux embauches réalisées en 2009 pour plus de 70 % des sociétés.
Quelles filières s’en sortiront mieux cette année ?
S. K. : Là où le plus grand nombre d’entreprises prévoient des recrutements en 2010 sont la finance, le contrôle de gestion, la vente et support des ventes, la recherche et développement, l’engineering, les études et l’informatique. Dans un contexte de crise, les postes dits stratégiques sont toujours les plus intéressants et les plus demandés. Inversement, le secteur administratif et les RH recrutent moins.
Comment les entreprises mènent-elles leur politique RH ?
S. K. : Les sociétés interrogées se trouvent dans un contexte paradoxal et contraignant. Car elles doivent combiner plusieurs enjeux comme fidéliser les talents, attirer de nouveaux potentiels et anticiper la reprise économique.
Où sont leurs limites ?
S. K. : Les entreprises n’ont pas les moyens aujourd’hui d’avoir une politique RH ambitieuse, même si elles veulent s’entourer des meilleurs. La prudence reste de mise. Les directions RH sont coincées entre les contraintes économiques et une sortie de crise.
Quels sont les profils recherchés ?
S. K. : Dans ce contexte de crise, les jeunes diplômés de cycles longs sont privilégiés car considérés comme plus fiables et plus opérationnels. D’ailleurs, les entreprises participantes de l’étude prévoient de réduire le nombre de recrutements pour les niveaux Master 1 et licence.