France Télécom, la partie émergée de l’iceberg
24ème suicide chez France Télécom depuis février 2008… Patrick Légeron, psychiatre et auteur d’un rapport sur le stress au travail remis à Xavier Bertrand en 2008, alors ministre du Travail, tire une fois de plus la sonnette d’alarme.
Privatisation, crise, délocalisation, licenciement, mobilité obligatoire, fermeture de services, autant de raisons qui poussent les salariés à perdre pied… et pour certains à passer à l’acte. Si aujourd’hui, France Télécom est sous le feu des projecteurs, elle n’est pas la seule entreprise à être remise en cause. En matière de suicides, la liste est longue depuis 2007 : Areva, Renault, La Poste, PSA. “Les salariés dans d’autres entreprises sont dans la même situation et en grande souffrance, ils dépriment, se sentent inutiles et pressurisés !”
Pour Patrick Légeron, auteur du rapport sur le stress au travail remis en mars 2008 à Xavier Bertrand alors ministre du Travail, il y a urgence :“nous sommes face à un véritable problème de santé publique et de management des entreprises. “ Son rapport était sévère pour les entreprises françaises : si 22 % des salariés de l’Union Européenne souffraient de stress et de dépression au travail, en France ils étaient 75%.
“Depuis, rien n’a été fait pour réintégrer les risques psychosociaux au travail”, explique le directeur du cabinet Stimulus. Repenser et analyser l’organisation des entreprises est une urgence. “Il faut remettre l’humain au centre de l’entreprise désormais trop orientée dans des stratégies financières et économiques. Ces suicides chez France Télécom ne sont qu’une partie visible d’un immense iceberg”. Et le problème n’est pas fini.“La France n’a pas suffisamment pris en compte le danger. Les entreprises attendent car, pour des raisons économiques, elles ne veulent pas agir avant que les problèmes n’arrivent”.
France Télécom a officiellement renoncé à sa politique de mobilité systématique. Et elle propose aujourd’hui d’appliquer à un immeuble à Saint-Denis (93) des normes de sécurité renforcées. Un immeuble labellisé « zéro suicide » ! Condamnation des fenêtres, passerelles inaccessibles et terrasses bloquées, un peu à l’image d’une cellule de prison peut-être…