Ils mettent du Français dans leur C.A.
Les entreprises européennes aiment bien recruter nos compatriotes pour siéger dans les réunions de leurs conseils d’administration comme indépendants.
On en demande et on en redemande. On veut du Français. Du produit typiquement hexagonal mais saupoudré d’international. C’est un fait établi par la récente étude du cabinet de chasse de (grosses) têtes Heidrick & Struggles portant sur 11 États européens : les Français sont très recherchés comme administrateurs indépendants hors de leurs frontières. Avec 14 % des administrateurs étrangers, soit 115 personnes, ils se classent au premier rang, suivis mais pas talonnés par les Britanniques et les Allemands, à 12.
Soyons honnêtes en ces temps de drapeau retrouvé, ce sont surtout deux ou trois pays « amis » qui nous tirent vers le haut. L’Italie est notre meilleur allié, où 48 % des administrateurs indépendants étrangers sont français. La Belgique ensuite avec 40 %. Et deux autres copains, le Portugal et l’Espagne, avec respectivement 29 % et 27 %, composent notre cartel. En revanche les Autrichiens ignorent superbement l’Hexagone qui le leur rend bien.
Financièrement avantageux
S’exporter pour un administrateur de chez nous peut être avantageux puisque c’est en France qu’il est le moins bien payé : un petit 43 529 euros contre un gros 139 752 euros chez les Suisses. On rencontre parmi les Français des CA étrangers Jean-Paul Fitoussi, président de l’OFCE, chez Telecom Italia, Jean-Louis Beffa, p-dg de Saint-Gobain, chez GBL, le Groupe Bruxelles Lambert belge, ou encore Laurent Dassault, président de l’Immobilière Dassault, chez Generali Trieste SPA.
De leur côté, les entreprises françaises ont ouvert leurs conseils d’administration aux autres, sans se transformer en véritables terres d’accueil. Elles sont juste au-dessus de la moyenne européenne avec 20 % d’administrateurs indépendants étrangers pour 18 %. Les Suisses sont de loin les plus cosmopolites avec 45 % devançant les Néerlandais et leur 36 %. Les plus « nationalistes » sont les Allemands avec seulement 7 %.
Tissu industriel dense et réseau de transport efficace
« Il existe un réel besoin de personnalités de poids étrangères en Europe du Sud. Et la France reste un pays important dans la zone méditerranéenne. De plus, elle a noué avec l’Italie des liens historiques, culturels et économiques très forts. On trouve des administrateurs français surtout dans la banque, l’industrie, l’assurance », analyse Pascal Gibert, directeur associé de Heidrick x%xStruggles. De plus, l’Hexagone compte encore un vrai tissu industriel et de très grosses boîtes internationales alors que la Botte est plutôt lacée de PME artisanales et de service. Ajoutons que la France est le deuxième investisseur de l’autre côté des Alpes derrière les États-Unis. « On compte environ 700 entreprises françaises implantées en Italie. Les sociétés doivent avoir un directoire selon une disposition récente. Mais cette réforme a rencontré un succès limité », remarque Jacques Fayette, professeur émérite d’italien à Lyon 3.
La raison de la géographie est souvent aussi la meilleure. La position centrale de la France lui a créé des rapports de voisinage et permet aux hommes d’affaires d’aller rapidement dans une capitale européenne. L’avocat Matteo Rossi, des barreaux de Paris et Milan, reconnaît quand même une qualité intrinsèque aux Français : « Ils ont une excellente capacité d’organisation. » Parole d’expert !