Les Oméga 3 sont-ils bénéfique pour la santé ?
Des effets avérés, d’autres à prouver
Dits ‘polyinsaturés » en raison de leurs caractéristiques moléculaires, les oméga 3 et 6 sont considérés comme de bonnes graisses (par opposition aux graisses « saturées » du beurre, de la charcuterie, dont la consommation excessive augmente le risque cardiovasculaire). Et les nutritionnistes sont unanimes : nous ne consommons plus assez d’oméga 3, notamment parce que l’alimentation des animaux d’élevage est désormais trop riche en oméga 6. Nous absorbons en moyenne un oméga 3 pour quinze oméga 6, alors que le rapport idéal est fixé à un pour cinq. Or, un bon ratio oméga 3/oméga 6 est primordial, ces deux acides gras avant des fonctions physiologiques opposées. Car l’excès d’oméga 6 peut empêcher les oméga 3 de jouer leur rôle protecteur sur le système cardiovasculaire et provoquer des maladies inflammatoires.
ILS PROTÈGENT CŒUR ET ARTÈRES
Cet effet protecteur est démontré depuis les années 70. Au point qu’en France, des gélules d’huile de poisson (source d’oméga 3) pour abaisser les risques de récidive chez les personnes victimes d’un infarctus sont remboursées par la Sécurité sociale. C’est que les oméga 3 entrent dans la composition des membranes cellulaires et leur confèrent une souplesse qui améliore la circulation des globules rouges dans les artères. Us diminuent l’agrégation des plaquettes, s’opposant à la formation de caillots sanguins : ils réduisent le taux sanguin de triglycérides, facteurs de risque cardio-vasculaire. Enfin, ils protègent des attaques cardiaques en réduisant les troubles du rythme du cœur, et sont utiles à la synthèse des prostaglandines, impliquées clans les processus anti-inflammatoires. Or, les oméga 6 sont pro-inflammatoires, d’où l’importance d’un rapport équilibré entre les deux acides gras. Par ailleurs, les oméga 3 sont essentiels au bon fonctionnement du cerveau. Michel Eazdunski, directeur de l’Institut de pharmacologie moléculaire et cellulaire du CNRS, a observe une baisse de 80 % des dégâts neuronaux dus à un arrêt cardiaque ou à une épilepsie chez des souris consommant des oméga 3.
UNE ALIMENTATION SAINE SUFFIT
Jean-Marie Bourre, spécialiste de la chimie du cerveau et auteur de La vérité sur les oméga 5, souligne même que « la consommation de poissons gras deux fois par semaine réduit de 31 % au moins le risque de développer la maladie d’Alzheimer ». Un déficit en oméga 3 influe en effet sur des enzymes impliquées dans la conduction du message nerveux et la production d’énergie dans le cerveau. Ces acides gras régulent aussi la communication cellulaire, notamment entre les neurones. Ils pourraient même agir sur l’expression du génome, via des récepteurs présents sur l’ADN. Mais là, on ne connaît pas encore les répercussions sur la santé. Des études tentent aussi d’élucider leur rôle protecteur dans l’ostéoporose ou les cancers. Qu’en est-il de leur effet antidépresseur et anti « baby-blues ». défendus par le psychiatre David Servan-Schreiber dans son livre Guérir ? Les études sont encore contradictoires, et les chercheurs manquent de données pour affirmer clairement que ces acides gras régulent l’humeur et le stress. Quoi qu’il en soif, si nous devons absolument augmenter notre ration quotidienne d’oméga 3, faut-il pour autant se ruer sur les gélules (environ quarante mille boîtes vendues chaque mois en France) ? Une alimentation saine, variée et équilibrée couvre normalement nos besoins. Et évite le risque de surdosage, contrairement à la surconsommation de gélules (la dose recommandée par les autorités sanitaires est d’environ 2g/jour) qui peut, elle, perturber la coagulation du sang.