Psychologie dans le comportement des marchés financiers
Cet article fait partie du dossier sur la psychologie des marchés financiers écrit par Marion Lagrée pour le blog.
La notion de cycles dans les marchés financiers
Nous avons précédemment vu que les marchés financiers varient en fonction de trois facteurs majeurs. Cependant ils suivent quand même une tangente, on dit qu’ils sont cycliques.
William André Nadeau, Gestionnaire de portefeuille canadien, identifie 8 phases dans un cycle économique :
- La récession sévère (dernier tri. 2008 et 2 premiers tri. 2009).
Chutes des bourses pour des raisons rationnelles et émotives, les investisseurs sont paniqués et anticipent le pire. Baisse du PNB.
- Stabilisation de l’économie (avril-mai 2009).
Ralentissement de l’économie moins rapide. Hausse des bourses qui avaient le plus baissé pour des raisons émotives durant la phase précédente.
- Creux de la récession (juin-aout 2009).
L’économie a cessé de ralentir, la moitié du secteur est en reprise, ralentissement de la hausse du chômage. La bourse a récupéré la portion émotive de la chute précédente.
- Reprise économique 1 (sept 2009).
Fin de la récession, stabilisation du taux de chômage, plus de la moitié des secteurs de l’économie sont en progression positive. La bourse progresse rationnellement et en parallèle avec la hausse des profits des entreprises.
- Reprise économique 2.
Baisse du taux de chômage, hausse importante des profits des entreprises, la bourse progresse plus vite que ne le justifie l’amélioration des données fondamentales.
- Début de la croissance économique.
Recule des marchés financiers car ils ont progressé trop vite dans la phase 5, la valorisation redevient donc normale. Nouveaux investisseurs affluent car confiants malgré une déception des marchés financiers. PNB croit rapidement.
- Croissance économique avancée.
L’économie croit à un rythme modéré. Tendance à la surévaluation notamment dans les secteurs propices à l’explosion de bulles spéculatives. C’est la phase la plus longue, les investisseurs et consommateurs sont trop optimistes ainsi que les économistes et analystes. C’est à ce niveau qu’importe d’étudier la finance comportementale.
- Début de la récession.
Même si l’économie rentre en récession, sont impact est peu visible. Début des corrections boursières, les profits des entreprises diminuent et les consommateurs et investisseurs sont peu inquiets. Ils anticipent ce mauvais passage, normalement de courte durées, mais parfois, c’est le signe de maux financiers et économiques beaucoup plus importants.
Les psychologies de chacun sur les marchés financiers
Les travers de comportement sont :
- Cognitifs : compréhension, ancrages mentaux, heuristiques, émotionnels (peurs, envies, admirations, répulsions, fierté).
- Individuels ou collectifs.
- Prophéties auto-réalisatrices.
Parmi les comportements boursiers nous pouvons tout d’abord citer l’effet de mimétisme. Il traduit le comportement moutonnier des boursicoteurs qui lorsqu’une majorité spécule sur un cours boursier juteux, les autres actionnaires leur emboite le pas. Et dans cette frénésie optimiste, une bulles spéculative se créer et croit jusqu’à une éventuelle explosion. Cette euphorie de spéculation peut naitre d’une surévaluation du secteur concerné.
Deux types de mimétisme sont mis en évidence : l’informationnel, qui consiste à imiter le comportement d’autres investisseurs que l’on suppose mieux informés et l’autoréférentiel qui consiste à tenter de prévoir un comportement majoritaire pour l’imiter.
L’ancrage mental consiste à se fier à sa première impression ou, à la difficulté de remettre en question cette dernière, alors que la mémoire au sens de l’expériencesignifie que les expériences passées vont influer sur les décisions prises. Un individu peut donc refuser d’investir sur un titre qui lui a couté de l’argent dans le passé.
Le cadrage repose sur le fait de ne voir qu’un aspect du problème. Les habitudes heuristiques consistent à prendre des raccourcis de raisonnement. Quant aux facteurs cognitifs, concernant la compréhension, ils diffèrent selon le niveau d’intelligence et d’étude de chaque intervenant sur les marchés financiers. L’interprétation peut donc varier.
En ce qui concerne les prophéties auto-réalisatrices, les investisseurs basent généralement leurs décisions sur diverses analyses ou conseils sur internet, à la radio, à la TV,de l’OPEP*ou d’un ami. L’investisseur achète donc un titre réputé et va transmette cette information aux autres investisseurs. Le titre finit par monter. A grande échelle, les analyses diffusées par les banques ou les institutions financières ont le même impact.
Enfin, les émotions de chaque individu (peur, cupidité, répulsion, fierté, envies…), la situation familiale, l’âge, le sexe ou encore la sociabilité ont un impact sur les décisions prises. Certaines personnes sont plus enclines à prendre des risques et d’autres préfèreront la sécurité.